Ceci est la simple histoire d’une rencontre avec un renard…

 

Un individu sauvage, curieux, qui a choisi de venir à moi alors que tout, dans son instinct, aurait dû le retenir.

 

Je vis en Meuse, territoire rural et forestier façonné par les activités humaines; chasse, exploitation forestière, agriculture…
Un matin, je me rendais sur un filet à crapauds pour aider des bénévoles à faire traverser la route à des batraciens.

 

C’est là que je l’ai aperçu, au bord d’une départementale, non loin d’un village. Il attendait calmement sous une pluie légère, allongé dans l’herbe, sans signe d’alerte.

Ayant souvent mon matériel d’affût/photo dans la voiture, j’ai choisi de me dissimuler un peu plus loin, dans un fossé, pour le photographier. Je savais qu’il m’avait repéré, mais la distance qui nous séparait et son attitude tranquille m'indiquait que je ne le dérangeais logiquement pas.

 


Il m’a observé un moment, puis a commencé à s’approcher, encore et encore pour finir par s'allonger à quelques mètres devant moi...

 

J’avais peine à croire à ce moment. Moi qui, d’ordinaire, dois vérifier le vent, me camoufler entièrement et patienter des heures pour espérer observer un renard vivant sa vie… celui-ci en avait décidé autrement.

 
 

J’ai eu la chance de l’observer pendant plusieurs mois : en chasse, au repos, au soleil, sous la pluie, à l'aube, au crépuscule.
Je ne l’ai jamais nourri, ni appelé, appaté. Il m’avait simplement accepté, assimilé à son décor.

 
 

Aujourd’hui, il a disparu. Je ne sais pas ce qu’il est devenu, mais je ne me voile pas la face sur le sort réservé à son espèce en France, classée parmi les ESOD, nouveau nom pour “nuisibles” que l’on détruit malgré leur utilité évidente.
Le renard joue un rôle essentiel dans nos campagnes et jusque dans nos villes.

 
 

Ce renard m’a montré que le sauvage n’a pas toujours peur de l’humain. Cette crainte s’apprend, se transmet… mais peut aussi s’oublier, lorsque la menace s’efface.


Il m’a offert un aperçu d’un monde possible :

celui d’une coexistence apaisée, fondée sur la neutralité et le respect.

 
 

À travers mes images et particulièrement celles de cette rencontre je ne cherche pas à montrer l’extraordinaire, mais au contraire une forme de banalité malheureusement rare, celle qui pourrait redevenir la norme si l’on traitait le sauvage différemment.

 

Merci infiniment à Eddy pour ce merveilleux témoignage, et ses photos magnifiques de notre cher goupil.

Vous pouvez retrouver son travail et son engagement :

Sur son site internet

et INSTAGRAM

 

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